hyène
L'histoire des hyènes est bien documentée par l'existence de nombreux fossiles. Elles partagent un ancêtre commun avec les mangoustes et les civettes et genettes ; la divergence entre leurs lignées se serait produite à la fin de l'oligocène, il y a 29 à 26 millions d'années. De fait, les ancêtres des hyènes ressemblaient aux civettes, petits mammifères nocturnes de la famille des viverridés, bas sur pattes, très élégants avec leurs airs de chat, leur nez pointu et leur longue queue. C'est le cas d'Ictitherium, qui vivait en Grèce il y a 26 millions d'années, ou de Plioviverrops, qui occupait l'Eurasie il y a 20 à 22 millions d'années.
Les hyénidés apparaissent il y a 18 millions d'années, au miocène inférieur ; elles se répandent rapidement en Eurasie puis font leur apparition en Afrique il y a 14 millions d'années. Aucune espèce ne dispose alors de mâchoires capables de broyer des os comme en ont les hyènes actuelles. Elles se diversifient ensuite en deux lignées, l'une conduisant au protèle (curieux cousin des hyènes se nourrissant principalement de termites), l'autre aux hyènes stricto sensu.
À la fin du miocène, il y a entre 7 et 11 millions d'années, il existait pas moins de 24 espèces de hyènes. Elles ont désormais l'allure que nous leur connaissons aujourd'hui. De cette époque date Adcrocuta eximia, une hyène robuste, la première connue à être capable de broyer des os.
Les genres actuels de hyènes, Hyaena, Parahyaena et Crocuta apparaissent en Afrique à la fin du pliocène (le plus vieux fossile connu est âgé de 3,7 millions d'années), suivi par le genre Proteles (le protèle) au début du pléistocène. Au cours du pléistocène, on connaît encore 9 espèces d'hyènes. Au pic de leur expansion, elles occupent toute l'Afrique, à l'exception des forêts denses humides, l'Europe et l'Asie. Pachycrocuta brevirostris, qui atteignait 1 mètre au garrot et avait la taille d'un lion (c'est le plus gros hyénidé connu), habitait l'Europe au pléistocène moyen, il y a environ un million d'années. Il y a quelque 120 000 ans, l'hyène des cavernes (Crocuta spelaea — ou, pour certains auteurs qui la considèrent comme une sous-espèce de l'hyène tachetée, Crocuta Crocuta spelea) est encore répandue dans une grande partie de l'Europe. Très semblable à l'hyène tachetée actuelle, elle est cependant deux fois plus grande et habite dans un environnement plus froid de prairies et de forêts.
Limitée aujourd'hui au continent africain et à une partie de l'Asie (Asie occidentale et centrale), la famille des hyénidés rassemble quatre espèces fort différentes : d'un côté, le protèle (Proteles), très amateur de termites ; de l'autre l'hyène tachetée (du genre Crocuta), et l'hyène rayée et l'hyène brune (du genre Hyaena).
Le milieu qui a véritablement favorisé le développement des hyènes est la savane. Son extension dans le courant du tertiaire s'est accompagnée de la prolifération des herbivores et de leurs prédateurs. Alors que les arbres de la forêt sont lents à pousser et ne se renouvellent que très partiellement chaque année, la savane a une productivité annuelle à l'hectare de dix à cinquante fois plus importante. L'abondance de ces pâturages est pour beaucoup dans la richesse de la faune africaine. Comme d'autres carnivores, les hyènes, et plus particulièrement les hyènes tachetées, ont bénéficié du nombre et de la diversité des proies. Leurs très grandes capacités d'adaptation, l'éclectisme de leur régime leur ont permis de se répandre sur les quatre cinquièmes de l'Afrique, du Sahel subdésertique jusqu'aux portes de la grande forêt.
Hyène tachetée (Crocuta crocuta)
Avec la tête et l'avant du corps puissants, le dos fuyant et le pelage souvent ébouriffé, l'hyène a une silhouette facilement identifiable. Le bout du museau est foncé et la fourrure présente des marques noires sur son poil brun-jaune.
Sa mâchoire est étonnamment puissante. Aucun autre animal ne peut infliger de pareilles morsures. Sur les 34 dents que possède l'hyène (par demi-mâchoire : incisives : 3/3 ; canines : 1/1 ; prémolaires 4/3 ; molaires : 1/1), les carnassières, c'est-à-dire la dernière prémolaire supérieure et la molaire inférieure, sont particulièrement développées. Sur la prémolaire, la pression atteint 800 kg, ce qui revient à 3 tonnes par cm2 ! Aucun os, même le plus dur, ne peut résister à une telle force.
Les sens de l'hyène sont bien aiguisés, en particulier son odorat et son ouïe. Ses grandes oreilles externes captent une large fréquence sonore, puisqu'elles sont sensibles à certains ultrasons.
Peu élégant dans sa démarche et dans son galop du fait que son arrière-train est plus bas que son train de devant, l'animal est cependant rapide et endurant. Il peut atteindre de 50 à 60 km/h et trotter sur de longues distances sans fatigue apparente.
La queue de l'hyène n'est pas très longue, mais elle forme une vraie touffe et sert de signal d'avertissement : dressée et ébouriffée, elle trahit l'état d'excitation de l'animal, prêt à attaquer ; ébouriffée et rabattue sur le bas du dos, elle indique un intérêt évident pour un congénère ; placée entre les jambes, elle signifie la soumission ou le désir de fuir.
Outre l'appareil génital externe de la femelle qui est très particulier et ressemble étrangement à celui du mâle, l'appareil digestif de l'hyène tachetée est caractéristique de l'espèce. La puissance de ses sucs gastriques d'abord, puis les facultés d'absorption de sa muqueuse intestinale lui permettent de récupérer des substances assimilables, non seulement dans les os mais aussi dans les fèces d'autres carnivores. En outre, si la nourriture est abondante, son estomac l'autorise à en ingérer des quantités considérables en un seul repas. Une telle faculté d'adaptation alimentaire est exceptionnelle et permet à l'hyène de vivre dans des milieux très différents et de survivre dans les conditions les plus défavorables, là où aucune autre espèce ne réussirait.
Les deux glandes anales de l'hyène ouvrent dans le rectum et servent au marquage. Ces glandes sécrètent une matière odorante caractéristique de chaque individu. Après avoir reniflé un brin d'herbe, l'animal le fait glisser sous son ventre, sans doute pour exciter la glande anale, puis le dirige jusqu'à celle-ci qui sort alors vers l'extérieur du rectum pour le marquage. Chez l'hyène brune, la sécrétion est double : l'animal dépose sur la tige une matière blanche au-dessous d'une matière noire.
Hyène rayée (Hyaena hyaena)
Plus petite que l'hyène tachetée : de 30 à 40 kg. Mâle plus lourd que la femelle.
Identification : tête plus fine que celle de l'hyène tachetée ; mâchoire et dents également puissantes. Oreilles très pointues. Pelage gris, zébré de noir sur les côtés de la tête, le dos et les flancs. Bout du museau, gorge et bas des pattes noirs. Des poils plus longs autour du cou et sur l'échine lui font une sorte de crinière.
Répartition : de la Mauritanie à l'Inde et de l'Asie centrale à l'Afrique orientale (ne dépasse pas la Tanzanie vers le sud). Contrairement à l'hyène tachetée, l'hyène rayée est moins dépendante de l'eau, ce qui lui permet de coloniser des régions arides comme la bordure nord du Sahara, le Moyen-Orient et la péninsule arabique. Elle y habite les zones rocheuses qui lui fournissent de nombreux abris.
Alimentation : nettement plus omnivore que l'espèce tachetée, elle consomme des mammifères, des fruits, des insectes et des reptiles. Elle chasse les petites proies et mange les espèces de plus grande taille sous forme de charognes.
Comportement : l'hyène rayée vit essentiellement en solitaire ou en famille (couple et jeunes). Dans ce dernier cas, les femelles n'ont pas un rôle dominant vis-à-vis des mâles et les deux sexes sont parfaitement différenciés.
De mœurs nocturnes, l'hyène rayée parcourt chaque nuit des kilomètres (beaucoup plus que l'hyène tachetée) pour trouver sa nourriture. Ce faisant, elle rencontre de nombreux individus de son espèce qu'elle salue en laissant renifler ses glandes anales par son congénère. Sans défendre véritablement un territoire, les animaux ont tendance à effectuer un marquage autour des lieux où ils se rencontrent.
Les hyènes rayées sont peu bruyantes dans les régions où elles cohabitent avec les hyènes tachetées, mais elles le sont bien davantage quand elles sont seules, comme au Moyen-Orient ou en Inde. La mise-bas a lieu dans un terrier après seulement 90 jours de gestation. Peu précoces, les nouveau-nés sont sourds et aveugles pendant les premiers jours, mais leur pelage et leur coloration sont déjà identiques à ceux de l'adulte. La femelle est dotée de six mamelles pour nourrir les 1 à 6 jeunes de chaque portée. Très vite, le père, la mère ou les jeunes d'une portée précédente apportent de la nourriture au terrier. Le sevrage a lieu vers 3 ou 4
Hyène brune (Hyaena brunnea)
Un peu plus grande que l'hyène tachetée, elle donne davantage une impression de puissance : de 35 à 50 kg. Mâle légèrement plus lourd que la femelle.
Identification : pelage brun foncé avec de longs poils sur le dos et les flancs et une collerette claire en arrière de la tête.
Répartition : remplace l'hyène rayée en Afrique australe. On la rencontre essentiellement autour des déserts de Namibie et du Kalahari ainsi que dans les zones subdésertiques voisines.
Alimentation : l'hyène brune mange un peu de tout, mais semble mal adaptée à la chasse. Ses tentatives de capture de springbok, cette petite antilope d'Afrique australe, sont le plus souvent vaines, même s'il s'agit d'un faon. Aussi préfère-t-elle parcourir les grèves et les plages de Namibie à la recherche de cadavres rejetés par la mer : poissons, oiseaux, cétacés ou otaries. Elle fait également son affaire des charognes qu'elle trouve à l'intérieur des terres et même des ordures ménagères de certaines villes comme Johannesburg ou Pretoria. Elle se repaît aussi de petites proies (rongeurs, lézards, insectes) et de fruits, comme les coloquintes, qui lui apportent de l'eau.
Comportement : les hyènes brunes vivent solitaires dans le cadre de petits groupes familiaux occupant des territoires de 200 à 600 km2. Les groupes sont composés de 4 à 6 adultes et, selon les saisons, d'un nombre variable de jeunes. L'espèce est franchement nocturne, parcourant près de 30 km par nuit à la recherche de nourriture. Les comportements rituels de prise de contact (érection de la crête dorsale, reniflement de la tête et des glandes anales, mordillements...) sont très variables selon le sexe, le clan ou la personnalité des individus qui se rencontrent. Les séquences de marquage sont très développées. La poche anale de l'hyène brune forme un sillon dans lequel la tige de graminée glisse et reçoit deux gouttes de substance pâteuse. La première goutte est blanche et la seconde, placée juste au-dessus de la première, est noire. L'animal effectue en moyenne deux ou trois marquages par kilomètre et davantage en périphérie du territoire.
La reproduction de l'hyène brune ressemble à celle de l'hyène rayée, mais la femelle n'a que quatre mamelles.
Protèle (Proteles cristatus)
Espèce la plus originale de la famille, le protèle ressemble à une petite hyène en nettement plus léger : de 8 à 12 kg.
Identification : silhouette fine, museau pointu et délicat. Pelage jaune clair à roux ; longs poils sur le dos et les flancs, crinière sur l'encolure. La mâchoire, très différente de celle des autres hyénidés, n'a parfois que 24 dents : les canines ressemblent à des crocs, mais les molaires et les prémolaires sont minuscules et coniformes. Non fonctionnelles, elles peuvent même manquer totalement chez certains animaux.
Répartition : Est et Sud de l'Afrique, avec entre les deux une zone de 1 500 km d'où les protèles sont absents. Le climat actuel doit y être trop humide pour eux.
Alimentation : se nourrissant essentiellement de termites, le protèle capture ses proies en léchant le sol à brefs coups de langue. Même s'il avale en même temps beaucoup de terre, sa salive est suffisamment collante pour bien attraper les insectes. Certaines espèces ont sa préférence. En été, en Afrique australe, il chasse la nuit les Trinervitermes qui se déplacent en colonies à la surface du sol. En une nuit, un protèle peut consommer 200 000 termites. En hiver, il chasse de jour les Hodotermes, seules proies alors disponibles.
Comportement : comme les colonies de termites sont dispersées, chaque protèle parcourt seul son domaine à la recherche de sa nourriture. En même temps, il le marque régulièrement comme le font les autres hyénidés. On compte 120 marques déposées en 2 heures en zone frontalière contre seulement 1 marquage toutes les 20 minutes en région plus sûre. En cas de disette, les animaux peuvent se regrouper et se nourrir ensemble, ce qui évite les dépenses d'énergie inutiles liées aux conflits et augmente les chances de succès. Les affrontements territoriaux reprennent à l'époque de la reproduction. Les mâles parcourent alors de grandes distances à la recherche de femelles en chaleur qui, elles, restent sur leur territoire.
Les jeunes viennent au monde nus et sans défense après 3 mois de gestation. Ils restent un mois et demi à 2 mois dans le terrier avant de sortir. Un mâle participe souvent à leur élevage, les gardant quand la femelle part se nourrir. Il s'agit habituellement d'un animal vivant sur le territoire voisin et qui n'est pas forcément le père. Les jeunes commencent à goûter aux termites vers 3 ou 4 mois et sont indépendants à la saison des amours suivante.
C'est une espèce polygame. Les femelles matures donnent habituellement naissance à un ou deux petits par an après une période de gestation de 110 jours. Les petits naissent dans les terriers que la famille occupe toute l'année. Les mâles n'ont aucun rôle parental. Les petits viennent au monde les yeux ouverts et capables de se déplacer. Ils sont d'un noir charbon et possèdent leurs canines et incisives. Ils montrent dès leur naissance un fort caractère agressif.
À neuf mois, ils mangent de la viande. À l'âge de la puberté, les jeunes mâles émigrent et rejoignent d'autres clans dans lesquels ils peuvent tenter de s'imposer.
En savoir plus sur http://www.pratique.fr/hyene-hyenes.html#mfsq0ZWQIiZsKy6P.99
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